Le parcours, un outil pédagogique

Le parcours sportif est un outil que je trouve formidable : il est ludique, il peut être construit de différentes manières pour atteindre des objectifs précis, il crée une émulation entre les élèves, etc.

Il faut cependant le réfléchir en fonction du ou des buts poursuivis. Personnellement, je l’utilise de la manière suivante: je fixe un objectif principal et un ou deux objectifs secondaires. Je considère le reste comme des bénéfices collatéraux.

Les objectifs: je peux mettre l’accent sur une technique spécifique ou une famille de mouvements (dashi wasa, zuki wasa, keri wasa, etc.), des objectifs  physiques (l’explosivité, l’endurance, la résistance à l’effort, etc.), des qualités psychiques que je souhaite développer chez l’élève (combativité, concentration, etc.).

Lors de la conception du parcours, il faut tenir compte de plusieurs critères: sa durée, son intensité, l’âge des élèves, leur nombre :

1. Durée/intensité: il faut jouer sur ces deux variables, plus la durée est importante moins l’intensité doit l’être. Je précise toujours aux élèves qu’ils peuvent passer un tour pour récupérer si nécessaire, je fais attention aux signes de fatigue “anormaux” du type pâleur, détresse respiratoire, attitude corporelle “abattue”, etc. pour prévenir tout accident.

2. L’âge/le niveau des élèves: il faut naturellement proposer des exercices qui soient réalisables par la majorité des élèves du groupe. Ils ne doivent être ni trop faciles (génère de l’ennui) ni trop difficiles (découragement). Il faut se situer dans la zone proximale de développement de l’élève (Vygotsky). C’est la zone située entre ce que l’élève sait faire et ce qu’il est capable de faire au maximum de son potentiel. Une zone “d’inconfort supportable” et motivante qui le pousse à se dépasser et non à baisser les bras.

3. Le nombre d’élèves/l’espace disponible: il faut tenir compte du nombre d’élève en relation avec l’espace disponible. Cela permet de gérer le temps d’attente entre deux parcours et d’occuper l’espace de manière à ce que les élèves se sentent libres dans leurs mouvements. Cela a également un impact sur la sécurité, par exemple, des exercices trop proches peuvent s’avérer dangereux car il existe des risques de télescopages.

Un parcours pour les enfants

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Réflexion sur le parcours proposé en exemple:

Objectif principal: les élèves doivent passer d’un travail rapide et peu exigeant techniquement à un état plus lent, contrôlé et complexe. Pour cela, je propose, sur le parcours, trois zones de “maîtrise technique” noyées dans un ensemble plus intuitif et plus libre dans l’expression corporelle.

1. Zone de mawashi-geri: dès le début, l’élève est invité a être dans une forme de maîtrise. Il y a  une mise en application de tous les critères techniques nécessaires à l’exécution correcte de la technique mawashi-geri.

2. Zone oï-zuki sur coussin de proprioception: après avoir sprinté, l’élève doit passer à un état de calme pour exécuter la technique tout en conservant son équilibre. Il est nécessaire de recouvrer rapidement une respiration lente.

3. Zone début d’Heïan Shodan: l’élève doit exécuter le début du kata. Il doit subitement solliciter son attention pour placer correctement ses pieds dans les cerceaux, se souvenir de l’enchaînement des techniques sans être dans la précipitation.

Objectifs secondaires: effectuer un travail fractionné pour augmenter l’endurance et la capacité de récupération. En alternant les phases rapides et les phases lentes, on sollicite l’appareil cardiaque qui doit s’adapter rapidement à l’effort. Le second objectif secondaire est le fait d’apprivoiser le contact avec le sol pour aborder, à l’avenir, les chutes (je fais travailler les chutes à mes élèves pour aborder, lors des cours ados et adultes, le travail des bunkaïs et de la self défense sans avoir à passer par une initiation au sol).

Contraintes à prendre en compte: lors de cette séance, j’ai une vingtaine d’élèves, le parcours doit être assez long pour ventiler les participants et ne pas créer une file d’attente trop longue ou un bouchon à un ou deux endroits. Il faut signifier aux jeunes qui leur est possible de shunter les zones de ralentissement (la zone kata en l’occurence).

Pour ce qui est de l’espace, le tatami, un carré de 10 mètres de côté est suffisant pour 20 enfants afin qu’ils ne se gênent pas et puissent évoluer en toute sécurité.

Le temps de récupération est suffisant grâce à la file d’attente. Avec les enfants, il faut être prudent car, avec ces exercices très ludiques, ils peuvent ne pas sentir la fatigue et finir par être en hyperventilation ou en épuisement.

Pour conclure, je dirais que le parcours sportif est un complément à intégrer dans les plans de cours. Il est une alternative aux cours plus “austères” qui permettent d’aborder les mêmes thématiques sous un angle différent.

A bientôt pour un nouvel article…

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